RECONSTITUTION PARTIELLE DU PUZZLE
3 janvier
Cette année que j’espérais meilleure que la dernière, commence par un nouveau coup dur inattendu :
Je suis en train de me sécher les cheveux, lorsque le facteur entre dans la maison pour m’apporter une lettre recommandée de FRANCFINE, nom qui ne me dit rien. A ma grande stupéfaction j’apprends, que j’ai été condamnée en octobre 1994 par le Tribunal de Perlieux au versement de 62.000 plus 5.000 Francs pour, je ne sais quelle affaire, qu’on m’avait accordé une période de grâce de deux ans qui avait expiré fin 1997. J’ai jusqu’au 15 janvier 1998 pour fournir des justificatifs de mes revenus et dépenses et pour faire le premier versement, sinon l’huissier interviendra !
Je dois m’asseoir ; mes jambes se font molles, ma tête tourne, je ne me sens pas bien. Je ne comprends pas grand-chose au document. Je craque. Mes larmes ne s’arrêtent plus. A ma connaissance, je n’ai jamais reçu un Avis d’Assignation, une Convocation ou un Jugement. Je soupçonne une procédure quelconque antérieure à octobre 1994 qui a abouti en ma condamnation. Condamnation pour avoir fait quoi ? Je n’ai absolument aucune idée. Une nouvelle fois, RAOUL a dû intercepter des courriers pour me cacher des problèmes. Mais lesquelles ?
Mon repas de midi est gâché ; je mange machinalement et j’ai des crampes au ventre. Après le repas, je rédige immédiatement une lettre pour Maître CORNIAUD pour qu’il intervienne dès la semaine prochaine dans cette affaire afin d’éviter la venue de l’huissier. Je lui précise que je n’ai jamais vu des documents concernant FRANCFINE. Le temps presse, le 15 janvier arrivera si vite et je pourrais être saisie pour une affaire dont j’ignore tout ! Je crains pour mes tableaux, derniers objets qui pourraient être saisis puisqu’il ne reste plus grand-chose de valeur dans la maison depuis la dernière saisie après la prononciation de ma mise en liquidation judiciaire. Si j’avais actuellement un salaire, même un SMIC, on pourrait m’en saisir une partie pour un acte commis à mon insu par MONSIEUR ! L’assistante sociale me l’avait confirmé. Je suis dégoûtée. En fin de compte, je suis condamnée à l’inactivité et donc condamnée à la pauvreté pour le reste de ma vie, puisque cette période d’inactivité forcée et les années de non-cotisation par MONSIEUR malgré mon activité professionnelle, auront comme conséquence que je n’obtiendrai jamais les années de cotisation obligatoires pour ouvrir un droit à la retraite. Le mieux sera donc que je tienne bon comme je pourrais jusqu’à la majorité d’EMMA et ensuite, que je mette fin à cette pourriture de vie. De toute façon, la plus grande partie de mes plus belles années de ma vie a été gâchée par RAOUL qui ne s’est jamais douté à quel point il me rendait malheureuse, se croyant être « le mari idéal ». Il m’avait cloîtrée aux PRUNELLES pendant six années au point que je devenais sauvage, apeurée devant des gens, coupée du monde, incapable de m’y échapper de temps à autre faute de moyens. La mort de la petite ROSIE, notre première fille, avait fait de moi une guimauve : j’étais incapable de prendre une décision, surtout une décision bouleversant ma vie, et de percevoir une situation dans sa dimension réelle. Pendant cette période-là, RAOUL s’absentait souvent, la plupart du temps plusieurs jours, voire une semaine, me laissant dans ma solitude physique et nerveuse avec aucune possibilité d’y remédier.
La porte de sortie me semblait une nouvelle grossesse dans laquelle je croyais pouvoir combler cette douleur profonde provoquée par la perte de mon deuxième enfant à l’âge de dix-neuf mois. Le médecin m’avait également conseillé une nouvelle grossesse « pour ne pas rester sur un échec ». Bien que notre vie de couple ne fût plus au beau fixe depuis son décès, j’étais décidée de me lancer dans un nouvel enfant. Bien sûr, je souhaitais avoir une deuxième fille. Je suis heureuse d’avoir EMMA, qui est ma seule raison de vivre. Sans elle, j’aurais déjà fait une deuxième tentative pour quitter ce monde depuis longtemps, monde rendu si invivable, insupportable, si injuste et blessante par les seuls actes de RAOUL et rien d’autre, actes qui m’avaient provoqué la dépression nerveuse en 1994. Je m’en suis sortie après avoir été droguée pendant trois années consécutives, sans vraiment m’en rendre compte, sortie très fragilisée, gardant l’idée de la mort devant mes yeux tous les jours, voyant ma vie par tronçons dont surtout le dernier qui me reste, qui me paraît court, très court, vision que je n’ai jamais eue auparavant. Je me sens pressée, j’ai peur de ne pas avoir assez de temps pour faire tout ce que dois et que je voudrais faire, voyant toujours la fin devant moi. Parfois, il m’arrive de m’étonner le matin d’être réveillée à nouveau…
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