Je vais à mon rendez-vous avec Maître CORNIAUD. Je constate avec angoisse qu’il n’a absolument rien fait, ni pour l’appel du Jugement de divorce, ni pour toutes les autres affaires. L’état des créances qu’il me remet, je le connais déjà. Il me confirme que Maître MATOU m’a très mal assisté en me conseillant de demander ma propre mise en liquidation judiciaire. Par cette procédure, j’aurai également les autres dettes encourues par Monsieur BOULIER sur le dos. Moi, je croyais naïvement que ma responsabilité ne concernait que les dettes de la GOURMANDISE. Même si les dettes du restaurant seront payées, tout le reste doit également être réglé par moi, même si je n’y suis pour rien, même si je n’en étais pas informée ! Merci le régime de la communauté ! Une chose est sûre : Je ne retrouverai pas ma tranquillité d’esprit tant que les choses ne seront pas rentrées dans l’ordre, ce qui veut dire que je risque d’être torturée jusqu’à la fin de mes jours. De belles perspectives !
Lorsque je vais au cabinet de Maître MATOU pour récupérer mon dossier de Divorce suite aux instructions de Maître CORNIAUD, la secrétaire ne me rend que quelques documents, dont des lettres de RAOUL, lettres que je n’ai jamais vues, ainsi que le Jugement de divorce. Je réclame alors également le reste puisque je sais que le dossier fait au moins sept centimètres d’épaisseur. Le secrétariat me propose de faire des photocopies à raison de 4 Francs la page ; vu mon budget et l’importance du dossier, cela est inacceptable pour moi. Alors, je ne récupère que trois fois rien. Pourtant, Maître CORNIAUD m’avait affirmé que le dossier de divorce était MA propriété. Pourquoi devrais-je alors payer pour en faire des photocopies ? Furieuse, je sors du cabinet en claquant la porte avec toute la violence de ma révolte.
Je rentre en car pour continuer les dernières kilomètres en auto stop dans le noir à travers les bois, chargée lourdement de mes courses. La côte est dure, plus dure encore par le poids des courses que d’habitude. La petite lampe de poche que GREG m’a offerte pour Noël, n’éclaire rien du tout. Heureusement, quelqu’un qui me connaît, s’arrête pour me prendre. Le chauffeur me fait remarquer qu’on ne me voyait pas dans le noir, malgré la lampe de poche et me demande : « Mais vous n’avez pas peur dans le noir, toute seule dans les bois ? ».
« Même si j’avais peur, je n’ai pas d’autre choix si je veux rentrer » je lui réponds et récolte un long regard interrogatoire qui me pèse.
En parcourant les courriers de RAOUL, courriers qu’il avait fait parvenir à Maître MATOU, qui aurait dû me les transmettre, je suis consternée par sa mauvaise foi, par son écriture, sa manière d’agir. Une fois de plus je suis soulagée d’avoir mis fin à notre mariage, malheureusement beaucoup trop tard. Je sais que jusqu’à la fin de ma vie je devrai supporter les conséquences catastrophiques de ses actes impensables, vu que nous étions mariés sous le régime de la communauté. Que ce régime soit maudit ! Quel abus, quelle exploitation ! Lorsque l’on se marie à vingt ans, par amour et sans un sou, personne ne vous met en garde contre les éventuelles conséquences du régime de la communauté, vous n’y pensez même pas, vous ne vous posez pas de questions, vous n’y connaissez strictement rien, vous ne vous imaginez pas l’inimaginable. Vous payerez cher le jour où c’est déjà trop tard, lorsque la justice ne vous lâchera plus. Un conseil en régime matrimonial devrait faire partie obligatoire des préparatifs du mariage, pour permettre aux futurs jeunes mariés un réel choix entre le régime de la communauté et le contrat de mariage, comme l’église prévoit une préparation à la cérémonie religieuse pour bien faire prendre conscience aux futurs époux de l’acte envisagé. Il faudrait absolument combler cette lacune dans la Loi !
Comme je suis dans la paperasse, j’en profite pour rédiger un courrier à RAOUL dans l’espoir qu’il servira cette fois-ci à quelque chose : Je lui demande quand est-ce qu’il aura l’intention d’honorer les trois chèques sans provision établis par lui à mon insu. C’est seulement en honorant ces chèques et les pénalités élevées que l’interdiction bancaire dont je suis frappée depuis trois ans, peut être levée. Je lui fais remarquer que le manque de chéquier me handicape beaucoup dans la vie courante et que je compte sur la régularisation par lui.
(pas de réponse)
(Annotation : Jamais rien ne sera régularisé. Je suis interdite de chéquier pendant dix ans et même au-delà malgré la nouvelle Loi qui réduit la période d’interdiction à cinq ans.)
Un autre problème me préoccupe beaucoup, c’est celui des cotisations pour ma retraite. Je signale à RAOUL qu’apparemment aucune cotisation n’a été versée pour moi malgré le fait que nous avions convenu de me déclarer conjoint collaboratrice, et que je risque de ne jamais atteindre les quarante années de cotisations obligatoires. Vu mon âge et mon état de santé, je considère qu’il devient urgent de régler ce problème majeur.
(pas de réponse)
Après quatre relances depuis début octobre, je reçois enfin une réponse de l’Hôtel des Ventes BENBIRA. J’apprends que le grand Kilim que je souhaite récupérer, aurait été vendu en janvier et réglé en juillet. Je fais immédiatement un courrier recommandé pour protester et faire valoir mes droits. Je veux être dédommagée pour le grand Kilim, qui a été confondu avec un autre tapis et qui ne m’a pas été réglé comme il aurait dû suite à un problème d’étiquetage. La lettre recommandée inévitable me fait mal ; il me coûte mon budget alimentaire journalier pour une personne.
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