2 août
Le loyer d’août pour le local commercial n’a pas été réglé.
Ce soir, comme souvent, j’ai droit aux reproches :
RAOUL est furieux parce que je n’ai rien à lui dire à part de lui parler de problèmes d’affaires dont il ne veut rien savoir. Il semble oublier que si je ne posais pas de questions, il ne me donnerait AUCUNE information de lui-même ; déjà en réclamant et insistant j’ai du mal à être renseignée. J’ai l’impression qu’il ne se retrouve plus dans la paperasse ; j’attends toujours ma feuille de maladie qu’il m’a promise d’apporter, mais je n’ose plus la lui rappeler. Il ne m’a toujours pas fourni des relevés des achats alimentaires pour le restaurant, ni le contrat de location pour la maison, document que je lui réclame depuis juin. RAOUL trouve toujours une excuse, fait des promesses qu’il ne tient jamais, il me dit « on verra ça à la GOURMANDISE», « je vais faire », « je m’en occupe », « je le ferai demain », jamais « je fais » ou même « j’ai fait ». Le mot « demain » a pris un tout nouveau sens pour moi : « à un moment indéfini dans l’avenir » ou alors « jamais ». Par la force des choses, je suis donc obligée à lui poser la même question d’innombrables fois, ce qui l’agace… et moi aussi. Sa porte de sortie est alors la colère qui met toujours fin à toute tentative de discussion de ma part. Comment faire ?
Depuis fin juillet, RAOUL s’est installé dans un des « clapiers », une des chambres sans fenêtre au grenier. Je ne serai donc plus gênée par ses incessants ronflements désagréables qui m’ont fait sursauter depuis de longues années, et qui enfin, ne m’empêcheront plus de dormir tranquillement. Notre rupture conjugale est ainsi définitive.
EMMA ne met pas longtemps pour prendre la place. Elle ne ronfle pas, mais donne des coups de pieds.
Comme RAOUL me refuse toute information sur l’ancienne activité de décoration, je décide de m’adresser directement à son syndic, Maître CHARLOT, pour être enfin renseignée sur la liquidation judiciaire de RAOUL. Je rappelle que trois courriers depuis mars dernier sont restés sans réponse de sa part. Peut-être le syndic répondra-t-il cette fois-ci à ma demande ? Je considère en tant qu’épouse, j’ai un droit à l’information sur la situation de mon mari, information qu’on me refuse, aussi bien RAOUL que le syndic. Je me demande s’ils en ont le droit.
Je me vois encore à Sourlac, un jour où il faisait très beau, trop beau pour être enfermé dans un bureau, RAOUL était parti à Paris sans me dire pourquoi, comme la plupart du temps. Le bureau avait grand besoin d’être rangé et je commençai à trier les papiers qui étaient éparpillés partout. Comment RAOUL avait-il pu arriver à un tel désordre ? C’est ainsi que je découvris une petite sacoche pleine de lettres, la plupart n’ayant jamais été ouvertes, même les recommandées, et cela depuis deux ans ! Je commençai à les parcourir, puis à les trier pour essayer de comprendre. C’est ainsi que je constituai quarante dossiers en deux jours ! Assez vite je me rendis compte qu’il y avait un GROS problème.
La mention sur tout le courrier de la banque, « redr. jud. », que nous recevions aux PRUNELLES, était donc bien vrai : RAOUL était en redressement judiciaire, pire encore : en liquidation judiciaire ! Pourtant, il avait toujours nié un redressement judiciaire, il m’avait expliqué que c’était une erreur de la banque. A l’époque, je ne savais pas très bien ce que cela signifiait et quelles seraient les conséquences d’une telle procédure n’ayant jamais été confrontée à une telle situation.
Je me souviens très bien à quel point j’étais mal ce jour-là, tout en pleurs, j’eus des palpitations qui ne voulaient pas s’arrêter et des douleurs dans la poitrine au point que je craignais une crise cardiaque. J’avais si peur : peur de ce qui allait nous arriver, peur de craquer, peur de claquer seule dans ce bureau à la cave un beau jour d’été… J’avais du mal à comprendre comment RAOUL pouvait me dissimuler sa situation dramatique, comment il pouvait mentir pour me cacher les problèmes, surtout vu l’importance de mon travail dans cette activité : sans ma peinture artistique, RAOUL n’aurait rien eu à vendre. Je n’avais qu’une hâte : que RAOUL rentre pour pouvoir l’interroger !
A partir de ce jour-là, nos rapports se dégradèrent brusquement.
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