Grande détresse - Suite 49 du PUZZLE DE LA VERITE

Suite 18 octobre

En attendant la promenade du matin, je continue à écrire mon Journal que j’écris pour mes enfants pour qu’un jour ils apprennent toute la vérité. Mon stylo rend l’âme ; la petite voisine de la Réunion est contente de pouvoir me prêter le sien. En échange, je lui offre une tranche de mon pain aux raisons dont je sais qu’elle se régale. 

En téléphonant à la banque pour vérifier si tout est en ordre, la banque confirme que deux chèques ont été retournés impayés. Comme je ne vois aucun médecin aujourd’hui, je retourne dans mon petit coin fleuri et continue mon tricot qui fait l’admiration de tout le personnel hospitalier, malgré mes yeux toujours aussi enflammés. J’apprécie mon « petit coin au soleil », loin du va-et-vient de l’hôpital, assise sur un banc entouré de plantes vertes. J’ai la gorge qui pique ; j’ai pris froid pendant la promenade obligatoire faute de vêtements chauds. Je me réjouis du beau temps et à l’idée de pouvoir repartir la semaine prochaine avec EMMA au bord de la mer… 

Comme souvent, j’ai du mal à m’endormir ; de nombreuses images de la journée défilent dans ma tête et m’empêchent de trouver le sommeil : Ce matin, un jeune homme qui a passé un an dans le service psychiatrique, a été congédié. A notre question « Où vas-tu maintenant ? » il nous a répondu : « Je ne sais pas, mais je sors. » 

A juger d’après son comportement il n’est toujours pas tout à fait normal. Une dame qui le connaît bien, lui a donné une adresse où il peut trouver de l’aide, mais va-t-il la retenir ? « C’est encore un qui risque de dormir sous les ponts » nous a fait-elle remarquer tristement. 

Un autre homme est hospitalisé dans le service depuis quatre ans déjà. Une femme est suivie par les psychiatres depuis environ vingt ans ; elle est de nouveau dans le service depuis un mois. Elle a l’air mal soigné, se promène toujours en chemise de nuit et peignoir. Cette femme a besoin qu’on l’aime. Lorsqu’elle m’a fait la bise, j’ai été très gênée. Peu de temps après, une mémé toute ridée est venue m’embrasser deux fois. Je lui ai suggéré d’aller en promenade, cela lui ferait du bien. L’intervention médicale a-t-elle encore un sens ? Je suis convaincue que la structure hospitalière n’est pas adaptée aux besoins de tous ces gens en grande détresse.  

Par la mère à RAOUL j’ai appris aujourd’hui qu’il a eu un point dans la poitrine accompagné de problèmes respiratoires, peut-être une angine de poitrine, et a dû être hospitalisé en cardiologie. Il a pu rentrer chez lui, mais est fatigué et sous médicaments. Vendredi prochain, RAOUL devra se soumettre à des examens d’effort et viendra me voir après les tests. Il s’est donc révélé vrai ce que je disais depuis la première fois que j’ai vu le docteur GINA : RAOUL a autant besoin d’être suivi par un médecin que moi. Il fallait le calmer à tout prix, chose qui n’a pas été faite. Il n’est pas normal qu’il me crie après chaque fois que je lui pose une question quel que soit le sujet et qu’il me traite de tous les noms dans ses terribles accès de colère et de violence. Maintenant il risque des problèmes cardiaques. 

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