Aujourd’hui, RAOUL m’a traitée de « conasse », mot dont je ne pèse pas bien le degré de méchanceté ou d’insulte et que je cherche en vain dans le dictionnaire, mais dont je sais qu’il n’est pas un compliment. Je ne comprends pas comment un mari peut insulter sa femme, surtout - à mes yeux - sans raison ; RAOUL a certainement une, mais il ne me la dira pas. Se faire insulter est une chose, ne pas savoir pourquoi, en est une autre. Je voudrais bien savoir ce qui n’a pas plu à Monsieur.
Malgré ma demande de me parler correctement, les insultes continuent à pleuvoir sur moi :
« Fais-toi ramoner la cervelle ! »
« Tu m’emmerdes du matin au soir ! Dans quelques jours t’auras tout sur ton dos, je me supprimerai ! »
RAOUL devient violent au point que je prends peur, très peur.
J’ai tellement marre d’entendre tous les jours :
« Dans quelques jours t’auras une réponse ! »
« Cela ne te regarde pas ! »
« T’as fini de me faire passer pour un con devant les enfants ?! »
« T’es complètement cinglée ! »
« Tu ne penses qu’au fric ! »
« Tu exagères tous les problèmes ! »
Je voudrais avoir la paix.
Une lettre de la banque m’apprend que nous sommes en découvert, malgré mon interdiction absolue d’en faire ; à l’ouverture, je l’avais bien précisé aussi bien à la banque qu’à RAOUL et tous les deux étaient d’accord. Je commence à avoir des regrets d’avoir donné procuration à RAOUL sur ce compte inscrit à mon nom de jeune fille - tout comme le salon de thé - sur sa demande pressante, pour qu’il puisse régler les fournisseurs. En aucun cas, je n’autoriserai de découverts sur MON compte.
Dans la soirée, j’essaie d’aborder ce problème et celui des découverts chez deux autres banques puisque je suis allergique aux agios élevés et de toute façon à l’endettement tout court. A ma grande surprise, RAOUL prétend ne rien en savoir. Pourtant c’est lui qui a reçu les extraits de compte que j’ai trouvés par hasard en faisant du rangement au bureau, c’est lui qui était et qui est toujours en contact avec les banques, c’est lui qui faisait et fait les chèques, pas moi ! Comment peut-il prétendre ne pas savoir ? Je pense qu’il fait exprès.
Je ne digère pas que RAOUL continue à m’interdire d’aller vider et fermer le coffre fort à la SNIV à Couliers où il avait entreposé « par précaution » en 1990, 2.500 Francs venant de mes parents, et environ 7.000 Francs, contenu de ma tirelire personnelle, alimentée par la vente occasionnelle de mes tableaux. Depuis l’été 1992, j’attends en vain qu’il me remette ce qui m’appartient. Je ne comprends toujours pas pour quelle raison il avait refusé de le faire avant notre déménagement en Dordogne. Il prétendait toujours ne pas avoir le temps, que ce n’était jamais le moment et il me promettait de le faire ultérieurement. J’attends toujours…
Par contre, il exige que désormais je lui montre tous mes courriers avant de les expédier. De quel droit ose-t-il me demander cela ? Croit-il vraiment que je vais le faire ?
RAOUL est furieux parce que, ce soir, je n’ai pas dit un mot et me reproche ne pas lui avoir dit bonsoir. Il ne semble pas réaliser que je n’ose même plus ouvrir ma bouche, puisque dès que je dis quoi que ce soit, il me crie après, m’insulte, me traite de tous les noms, m’accuse, fait tout ce qui pourrait me blesser ; je ne dis donc plus rien pour éviter ces scènes insupportables pour moi et néfastes pour EMMA qui n’a que six ans.
Il paraît qu’il a consulté un avocat lundi dernier, mais ne veut pas me dire à quel sujet, et me prévient qu’il n’habitera plus dans la maison à partir de ce week-end. Je ne comprends pas bien ses propos et suis choquée de sa violence verbale envers moi. Cet homme me fait peur. Je ne sais pas quoi faire, ni où aller.
RAOUL n’est pas content que je ne viens plus travailler au salon de thé, c’est-à-dire faire le ménage et la vaisselle, travaux qu’il déteste. Il ne semble pas réaliser pourquoi je ne viens plus : Premièrement il m’a jetée dehors, il y a quelques jours, et deuxièmement mes mains sont toujours aussi abîmées ; tout contact me fait mal, je n’arrive pas à les soigner malgré l’application d’une crème spéciale que la pharmacienne m’a conseillée en voyant mes mains crevassées à sang. Je dois éviter tout contact avec l’eau et des détergents jusqu’à guérison complète.
Ne sachant plus comment me sortir des problèmes croissants, je décide enfin d’aller voir une assistante sociale, démarche, que je repousse de honte depuis un certain temps déjà. Mais j’ai réalisé petit à petit que cette démarche humiliante est devenue indispensable. Sous les larmes, je lui explique notre situation précaire. Elle me conseille de faire une demande de RMI pour nous assurer au moins le minimum vital et me remet les formulaires nécessaires. En quittant le bureau, je me sens un peu soulagée ; j’ai grand besoin d’un bol d’air frais. Jamais de ma vie je n’aurais pu imaginer qu’un jour, je ferais une telle démarche !
Je me rends immédiatement à la GOURMANDISE pour soumettre à RAOUL les formulaires de demande de RMI et de prise en charge de la couverture sociale, déjà complétés. Tout ce qui manque, c’est sa signature. A ma plus grande stupéfaction, RAOUL refuse de signer en me faisant remarquer : « Tu crois que j’accepterais un contrat de réinsertion ? Jamais ! Je n’ai pas besoin d’être réinséré ! »
J’insiste pour le convaincre, j’essaie de nouveau, en lui faisant remarquer que nous n’avons pas d’autre choix actuellement et je lui demande à plusieurs reprises de signer dans l’intérêt des enfants. RAOUL refuse toujours, me tournant le dos pour s’affairer artificiellement dans la cuisine. Je reste avec mes formulaires dans la main. Ma démarche auprès de l’assistante sociale a donc été en vain pour nous assurer le minimum vital. Mais elle a quand même servi à quelque chose : Elle m’a permis de découvrir que nous sommes radiés à la CAF. Je ne sais pas pourquoi, mais je comprends maintenant, pourquoi nous n’avions pas touché la prime de rentrée scolaire l’année dernière. L’assistante sociale m’a promis de faire une enquête. Je ne comprends pas mon mari. Je lui en veux. Je lui en veux pour les enfants.
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