30 mars
C’est Pâques. Je suis seule, puisque c’est « le week-end du père », mais ce n’est pas bien grave. Je m’efforce de ne pas penser que la plupart des gens sont en famille et que moi, je suis toute seule. Je dois m’y faire. Comme tous les ans, mes parents m’appellent. Pendant une demi-heure, j’ai l’impression au moins de ne pas être complètement isolée. Je suis toujours contente de les avoir au téléphone, le seul contact pratiquement que j’ai avec eux depuis vingt-sept ans maintenant, mais je regrette que mon père ait la fâcheuse manière de me démonter le moral au lieu d’essayer de me le remonter un peu, aide dont j’aurais tant besoin et que je n’obtiens de la part de personne. Mais je le changerai plus. Quant à ma mère, elle ne se prononce sur rien ; d’ailleurs, depuis longtemps, elle ne m’écrit plus, et je ne l’ai que très rarement au téléphone. C’est ainsi, mais c’est dommage.
début avril
Les cours de français par l’AFPA que j’ai suivis pendant trois mois, sont terminés et je retrouve mon revenu de 2.250 Francs par mois comme en 1996. Je suis extrêmement juste, juste au point que même l’achat d’un timbre-poste me torture, sans parler de l’affranchissement d’une lettre recommandée qui correspond à mon budget journalier alimentaire par personne ou les frais pour les innombrables photocopies que je suis obligée de faire ! Je suis juste au point que je réutilise le papier-filtre pour le seul et unique café que je m’offre dans la journée après le repas de midi. Nous faisons même très attention à la consommation de papier toilette et à la chasse d’eau !
Mes journées sont toujours bien remplies par les études préparatoires au concours des infirmières. Pour mi-avril, je dois à tout prix avoir fini le livre que j’ai acheté spécialement pour bien pouvoir me préparer, dépense que je n’ai pas engagé depuis des années, puisque les livres font partie des postes inexistants de mon budget, tout comme des revues, journaux, CD et sorties.
1er avril
Audience de divorce
(Annotation : Je ne suis pas informée de la date.)
Maître MATOU dépose les Conclusions pour moi et demande les torts exclusifs de Monsieur BOULIER pour abandon du domicile conjugal depuis le 1er décembre 1994 et violences physiques et morales, mentionnant une situation financière désastreuse nécessitant la liquidation judiciaire de Madame ayant à charge tous les dossiers laissés par Monsieur BOULIER et l’interdiction bancaire due aux actes de Monsieur BOULIER, demandant l’autorité parentale conjointe pour EMMA et résidence chez la mère, le droit de visite du père et le versement d’une pension alimentaire de 1.000 Francs par mois.
3 avril
Je viens d’apprendre que Maître TOUR ne peut intervenir auprès de Monsieur BOULIER en raison de sa liquidation judiciaire. Il faudrait que moi, je m’adresse au Tribunal de Commerce qui a prononcé sa liquidation. J’ai l’impression que le syndic n’a aucune intention d’appréhender les biens et la comptabilité toujours entre les mains de Monsieur BOULIER. Pourquoi ne passe-t-il donc pas par le syndic de Monsieur ?
Dans mon désarroi, j’en informe le Tribunal de Commerce et le prie de m’aider. Il me revient que le 30 mai 1996, j’avais signalé à Maître CHARLOT toutes les irrégularités commises par Monsieur BOULIER au niveau de la GOURMANDISE, mais ma lettre était restée sans réponse et sans suites. Que pouvais-je faire de plus ?
(pas de réponse, pas d’intervention de la part des Instances)